Tuto: chants et cris oiseaux communs des villes et parcs.
Pour débutants en ornitho et citadins, ce tutorial passe en
revue les chants ou cris de vingt espèces communes que
l'on peut rencontrer dans les parcs et jardins urbains.
Une petite mise au point pour commencer :
Les cris désignent des émissions vocales généralement simples ayant plusieurs fonctions
maintenir la cohésion d'un groupe d'oiseaux (cris de contact)
prévenir d'un danger (cris d'inquiétude ou d'alarme) - ce type de cris pouvant être reconnu par d'autres espèces
pour les jeunes : demander à manger aux parents
Le chant est plus évolué chez la plupart des espèces et est utilisé en période de reproduction
pour attirer une partenaire (à quelques exceptions près, seuls les mâles chantent)
pour délimiter un territoire
Ainsi les cris peuvent s'entendrent toute l'année, alors que les
chants ne sont utilisés pour la plupart des espèces qu'en
période de reproduction - avec un pic en fin d'hiver et au printemps. L'été est généralement plus calme - bouches à nourrir obligent - et il y a un rebond automnal pour beaucoup d'espèces.
Il est principalement question des chants sur cette page, sauf pour les espèces pour lesquelles le cri est facile à reconnaître.
Les espèces sont ici organisées en trois groupes
Les «basiques», dont les vocalises sont globalement réduites aux cris, qui sont simples
Communément appelé (à tort) «corbeau», la corneille noire se rencontre très fréquemment en ville. Pas de chant - comme la plupart des corvidés - mais un répertoire de cris assez varié.
Le cri le plus fréquent :
Une variante :
Et une autre variante :
Confusions possibles avec le Corbeau freux (plus rare en ville) ou avec le Grand corbeau (encore plus rare en ville). Voir le tutoriel sur les corvidés noirs.
La pie bavarde est un oiseau de taille moyenne
(environ 45cm), très commun. Blanche et noire,
très contrastée, son identification ne devrait pas poser de
problème.
La pie jacasse de façon caractéristique :
Confusions possibles. Visuellement, aucune. La pie peut vocaliser de façon différente, auquel cas on peut la confondre avec d'autres corvidés.
Très bel oiseau environ de la taille d'une
pie. Le corps est de couleur «chamois», la queue noire, et il a du blanc, du noir et du bleu sur les ailes.
Le cri principal du Geai est un monosyllabe rauque :
C'est le cri de loin le plus fréquent, mais le Geai à un répertoire vocal plutôt étendu, avec également des possibilités d'imitations - ici de Buse variable - à comparer à l'originale .
À noter que le Geai chante également, mais très sporadiquement et à faible volume - avec un chant étonnamment varié pour un corvidé.
Confusions possibles. Visuellement, aucune, mais les cris autres que le principal pourront être confondus avec ceux d'autres corvidés - sans parler des imitations.
Pas vraiment de chant chez le Moineau domestique, mais des «tchip» qui, répétés servent aux mâles à délimiter un territoire, ainsi que de nombreux cris simples de contact et des cris d'alarme. Des cris Des cris d'alarme Le chant (succession de cris)
Confusions possibles pour les cris, principalement avec le Moineau friquet - quasi absent en ville, mais méfiance, il y a également une certaine proximité avec d'autres espèces. Pour le chant, éventuellement avec le Pouillot véloce. Le chant du moineau est plus mouillé, et généralement moins régulier que celui du Pouillot véloce.
Bien connu, ce bel oiseau de teinte générale vert-jaune avec une calotte rouge est pourtant difficile à observer dans de bonnes conditions ! Il est repéré
la plupart du temps à son cri et son chant très caractéristiques. cri chant
Le cri est constitué de la même note répétée trois ou quatre fois, le chant une dizaine de fois, le tout donnant la désagréable impression que l'oiseau se moque de vous.
La Mésange charbonnière est très repérable: joue blanche entourée de noir, poitrine et ventre jaune traversés par une cravate noire très visible.
La Mésange charbonnière à un répertoire vocal très développé - avec une bonne quinzaine de cris différents.
Le chant est constitué d'une suite d'un à trois sons sur un ou deux tons, répétée en boucle. La tonalité est grinçante et métallique, ce qui vaut à l'espèce son surnom de «serrurier».
deux temps, deux tons trois temps, deux tons un seul ton
Il ne sera pas question des cris, qui sont parfois difficiles à distinguer de ceux des autres mésanges.
Confusions possibles avec les autres espèces de mésanges, notamment la Mésange noire pour le chant - cette dernière étant nettement moins fréquente en ville (voir le tutoriel correspondant).
La mésange bleue est un peu plus petite que la charbonnière. Elle
s'en différencie par sa calotte bleue, et son fin trait
sourcilier noir sur fond blanc.
Les cris sont très variés, généralement plus aigus et moins métalliques que ceux de la Mésange charbonnière. Forts risques de confusion avec d'autres espèces de mésanges (voir le tutoriel correspondant).
Le chant est un «si si du du du du…» assez caractéristique
Confusion possible avec un cri d'alarme de la Mésange charbonnière, dont la partie en «du du du du» est beaucoup plus gutturale, moins timbrée.
Les oiseaux qui suivent ont un chant plus développé,
souvent avec de nombreux motifs dont l'ordre et la
fréquence d'utilisation varient. Il faut donc s'entraîner
à reconnaître leur timbre et leur rythme, un peu comme
l'on distingue la voix de plusieurs personnes même si
elles ne disent pas deux fois la même chose.
Méfiance également, la plupart de ces oiseaux sont capables d'imiter des motifs de chants d'autres espèces…
Le mâle est très facile à identifier: tout noir, avec un bec jaune/orangé (qui peut toutefois être plus sombre en hiver). Les femelles ont la même allure générale, mais sont brun foncé, avec la poitrine légèrement striée.
Lorsqu'il se nourrit en sous-bois, le merle est généralement très bruyant.
S'il est surpris, il décolle avec un cri d'alarme puissant et caractéristique, donnant une impression de panique , et qui prévient les oiseaux des environs de la proximité d'un danger.
Le chant est une succession sur environ 2s de notes
puissantes, très nettes et flûtées, sur un rythme assez
lent. Il est très variable d'un individu à l'autre, mais conserve un caractère plus mélodieux et doux que d'autres espèces.
Confusions possibles : aucune pour le cri d'alarme. Pour le chant, peu de confusion possible en ville - éventuellement avec celui de la Fauvette à tête noire ou du Loriot d'Europe, beaucoup plus court et encore plus flûté .
📆 principalement de la fin de l'hiver jusqu'au début du mois de juin.
Fauvette très reconnaissable à sa calotte noire (pour le mâle adulte) ou marron (pour la femelle et les jeunes), et habituée des jardins.
Son chant, long, démarre par un gazouilli peu clair et assez rapide, et augmente en clarté pour souvent terminer par une séquence de notes très nettes et flutées.
Confusions possibles : le chant est parfois
très difficile à distinguer de celui de sa cousine, la
Fauvette des jardins , moins commune en ville, et qui ne termine pas par des notes aussi flutées. Plus généralement, la Fauvette à tête noire peut inclure dans son chants des imitation d'autres espèces, ce qui peut compliquer sa détermination.
Un passereau très commun, et très coloré, facilement reconnaissable.
Ses nombreux cris peuvent prêter à confusion avec
d'autres espèces, mais son chant est relativement
constant : une série très rapides de notes qui descendent par palier vers les graves avec une «virgule» finale caractéristique.
Pas de confusions possibles en ville pour le chant si l'on repère la virgule montante à la fin.
Le mâle adulte est d'apparence généralement sombre. La queue est rouge/orangée, et il présente une nette plage blanche sur l'aile. La femelle est plutôt gris-souris, la queue étant toujours rouge/orangée. Il s'agit initialement d'un oiseau montagnard, qui s'est bien adapté à la vie citadine.
Son chant est généralement en trois parties bien distinctes, ce qui le rend très reconnaissable.
une première partie avec des notes claires, qui va en s'accélérant
une deuxième partie plus ou moins longue évoquant un papier que l'on froisse, ou du sable qu'on écrase
une troisième partie avec un retour sur des notes claires
Confusions possibles. Aucune si les trois parties sont bien distinctes. C'est plus compliqué s'il n'y a que la première partie, il faut alors se mettre le timbre du chant dans l'oreille.
📆 principalement d'avril à juin
Rossignol philomène
Rossignol philomèle
Beaucoup plus facile à entendre qu'à voir, le Rossignol philomèle a un chant proverbial: il vocalise fort et beaucoup (une bonne partie de la nuit), généralement à couvert au beau milieu d'un feuillage d'arbre ou d'un buisson.
Son chant est très varié, avec des notes très claires plus ou moins rapides, de nombreuses trilles et de sifflements.
On le reconnaît à ses longues phrases qui ont un côté très «déterminé», à son timbre qu'il faut se mettre dans l'oreille, et surtout aux sifflements en forme de «prise d'élan» comme ceux au début des premiers documents ci-dessous, qui sont les motifs les plus caractéristiques.
Avec sifflements :(*)
Sans sifflements :
(*) et un Loriot d'Europe en arrière plan pour les oreilles aiguisées !
Confusions possibles. Pas vraiment de confusion si l'on prend garde aux sifflements. Sinon, avec les autres chanteurs très volubiles - notamment le Troglodyte mignon dont il sera question dans un autre tutoriel, qui chante lui aussi très fort, mais beaucoup plus aigu .
📆 d'avril (où il revient d'Afrique) jusqu'à l'été.
Terminons avec deux espèces très communes, mais dont les chants et cris posent souvent des difficultés.
On ne le présente plus. Vu de face, son plastron orange est inratable. Il s'agit d'un petit oiseau très territorial et volontier agressif envers ses congénères. Les mâles et les femelles chantent hors période de nidification sur des perchoirs en bordure de leur territoire pour le délimiter.
Le chant est varié, constitué de phrases assez
courtes et fluides, d'une tonalité aigüe. La présence de sifflements courts et très aigus est une bonne façon de commencer à repérer ce chant, qui n'est par expérience pas évident à se mettre dans l'oreille.
Le rougegorge chante souvent bien en vue et est peu farouche, ce qui facilite les choses.
Confusions possibles : pas vraiment pour le chant une fois qu'on l'a intégré.
📆 quasiment toute l'année, avec un creux en été et au coeur de l'hiver.
L'étourneau sansonnet est sensiblement de la même taille que le merle. Il se déplace souvent en grandes bandes très bruyantes à partir de l'été.
Côté vocal, c'est un cauchemar. Le répertoire est très varié, allant de grincements bizarres à des sifflements curieusement montants ou descendants, le tout parsemé de bruits qui ne ressemblent à rien et souvent de très convaincantes imitations d'autres espèces (Loriot d'Europe, Buse variable, passereaux divers et variés…). Voici un tout petit aperçu des possibilités.
Confusions possibles avec presque tout et
n'importe quoi. Un conseil en sortie ornitho où vous entendez un cri bizarre dont personne ne sait ce que c'est : prétendez qu'il s'agit d'un Étourneau. Vous aurez peu de chance d'être contredit, et vous attirerez à peu de frais l'admiration de vos camarades.
De nombreuses autres espèces peuvent être entendues en
ville. Elles feront l'objet d'un autre tutoriel.
Le meilleur moyen d'apprendre à reconnaître les chants et
cris est d'aller sur le terrain ! On ne retient
jamais aussi bien un chant que quand on l'a entendu
pendant 10 min sans savoir ce que c'est, puis que l'on a
fini par voir et déterminer l'espèce.
Côté livres, en plus des classiques, on trouve des guides avec suppléments audio spécifiquement orientés vers les cris et chants, comme le très bon Les chants d'oiseaux d'Europe occidentale (A.Bossus, F.Charron, ed. Delachaux)